L’histoire de France pour ceux qui n’aiment pas ça

1500, le Prince

Ah ! César Borgia. Ce prince magnifique et féroce inspirera « Le prince » de Machiavel, célèbre ouvrage de realpolitik. On dit que César a poignardé son frère ainé et empoisonné son propre père, mais c’est sûrement un peu exagéré. Par contre, il a très probablement tué quelques maris de sa soeur. Et tout le monde sait qu’il n’hésite pas à étrangler ses invités au milieu du repas. Observez-le, tout là-bas, drapé dans sa cape sombre. Il porte souvent un masque de cuir pour cacher les boutons de syphilis qui défigurent son fin visage.

César Borgia

(Photo DP)

La grande vérole, et la petite

La vérole dite « grande », la syphilis, vient tout juste de nous arriver des Amériques. En Italie, on l’appelle « le mal français » alors qu’en France, on l’appelle « le mal italien » et en Ecosse, « le mal anglais ». L’enfer, c’est toujours les autres.

La vérole dite « petite » est l’autre nom de la terrible variole. Elle touche tout le monde, tue un malade sur trois et défigure ceux qu’elle ne tue pas.

Vérole

(Photo BIUM)

Voici un moulage de syphilides issu de la fabuleuse collection de moulages du XIXème siècle de la BIUM. Pour les voir, faites une recherche avancée sur la collection moulages et choisissez en titre la maladie qui vous plait.

Ce que nos ancêtres devaient endurer laisse songeur.

Tant que vous êtes-là, ouvrez donc Frédéric de Stendhal du même. Vous y trouverez une liste des privilèges du 10 avril 1840, c’est à dire la wish list fantasmatique de Stendhal. (A l’époque, ça s’appelait L’anneau d’Angélique. Pour nous, ce serait plutôt Et si je gagnais à l’Euromillion ?).

Bon, en article 2, rien de neuf, c’est « enlarge your index » :

« Article 2 : La mentula, comme le doigt indicateur pour la dureté et le mouvement, cela à volonté. La forme, deux pouces de plus que l’article, même grosseur. »

Mais l’article 1, qu’est-ce que c’est ? Argent, pouvoir, beauté, Goncourt, blonde à forte poitrine ? Non.

« Article 1 : Chaque année, pas plus de trois jours d’indisposition. Le corps, et ce qui en sort, inodore. »

C’est à dire que nos ancêtres étaient si chroniquement malades qu’ils n’osaient même pas réver d’un état de bonne santé constant et en plus, quand ils étaient malades, ils puaient à s’incommoder eux-mêmes. Les hôpitaux étaient, parait-il, emplis de suppurants. Des salles et des salles entières de suppurants. J’ai entendu un jour, dans le poste, un vieux médecin raconter, des larmes plein la voix, l’arrivée en 1945 de grandes fioles d’une poudre jaune nommée pénicilline qui a « ressuscité des morts » sous ses yeux.

1515, Anchois Pommier

François Ier est le roi de la Renaissance. Vous le voyez ? Oui, on ne voit que lui. Très grand (deux mètres), portant beau, c’est un ami des arts et des femmes. Dans les livres d’histoire, François Ier incarne un idéal de courtoisie et de force. Hélas, sa vie est moins glamour que sa légende. Déjà, il a le nez familial, qui n’est pas facile à porter. Ensuite, il doit toute sa vie lutter contre Charles Quint, qui n’est pas un rigolo. Pire : c’est un Habsbourg.

François Ier

François Ier : notez bien le nez..
(Tableau Clouet source Yorck Project DP)

 

Les Habsbourg

Habsbourg, c’est le nom d’une famille qui réussira à régner sur toute l’Europe à force de mariages entre cousins. Jusqu’au moment où cette politique de consanguinité sans fin aura sa peau.

Charles Quint de Habsbourg est le meilleur ennemi de François Ier. C’est le fils d’un bellâtre et d’une pauvre fille : Jeanne la folle.

Charles Quint

Charles Quint : notez bien le menton.
(Tableau C. Amberger source bildindex.de DP)

Son blason est un tel bazar que je ne résiste pas à l’envie de vous le montrer :

armoiries

(Photo Odejea sous licence GNU Free Documentation)

Il est « coupé en chef parti en 1 écartelé en 1 et 4, de gueules au château d’or ouvert et ajouré d’azur et en 2 et 3 d’argent au lion de gueules armé, lampassé et couronné d’or, en 2 parti en 1 d’or à quatre pals de gueules et en 2 écartelé en sautoir d’or aux quatre pals de gueules et d’argent à l’aigle de sable, accompagné en pointe d’argent à une pomme grenade de gueules, tigée et feuilleté de sinople, et en pointe écartelé en 1 de gueules à la face d’argent, en 2 d’azur semé de fleurs de lys d’or à la bande componée d’argent et de gueules, en 3 bandé d’or et d’azur de six pièces, à la bordure de gueules et en 4 de sable au lion d’or, armé et lampassé de gueules, sur le tout parti d’or au lion de sable armé, couronné et lampassé de gueules et d’argent à l’aigle éployé de gueules, membré et becqué d’or. »

On présente souvent Jeanne, la mère de Charles Quint, comme une jolie fille…

Jeanne la folle

(Photo DP)

… mariée à un joli garçon, Philippe le beau. D’après les tableaux, ce garçon est beau comme je suis Japonaise. Il n’empêche qu’il réussit à rendre sa femme folle de jalousie.

Philippe le Beau

(Photo DP)

Philippe II d’Espagne

Le fils de Charles Quint s’appelle Philippe II. C’est un affreux bigot, « plus catholique que le pape ». Il passe son règne enfermé à l’Escurial. Ce palais de sa conception est une innovation architecturale plaisante et joyeuse : il est bâti en forme de grill en l’honneur de saint Laurent, un pauvre homme passé au barbecue par les Romains en 258.

Escurial

(Photo sous licence libre GNU)

 

 

 

 

 

 

26 comments for “L’histoire de France pour ceux qui n’aiment pas ça

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *