L’histoire de France pour ceux qui n’aiment pas ça

1832 l’Aiglon

Son fils unique, le blond duc de Reichstadt, est surnommé Napoléon II. Mais il meurt de la tuberculose à vingt et un ans, sans avoir fait grand-chose d’autre que tousser.

Ses derniers mots sont, selon les uns, « Donnez moi l’épée de mon père ! », selon les autres « Ma mère ! Je sombre ! » et selon un troisième « Compresses ! Cataplasmes ! ».

Reichstadt

(Tableau Moritz Daffinger DP)

Reichstadt

Le masque mortuaire du duc. (Source Europeana DP)

 

Thiers

Si le XIXème siècle politique vous passionne, alors suivez les pas de ce petit homme chauve. Il s’appelle Thiers. Le voyez-vous avant 1830, en train de combattre Charles X ?

Et là, le voyez-vous après 1870, premier président de la IIIème République ? Bouillant et intrigant d’un bout à l’autre du siècle, Thiers donne l’impression de ne jamais vieillir.

Thiers

Thiers contre Charles X… (Photo DP)

Thiers

Et Thiers président de la République. (Photo DP)

 

Le temps des colosses

Villon en 1460 et Rimbaud en 1870 composent tous deux sur le même thème : les pendus. Leurs vers s’entrelacent si bien qu’on pourrait les confondre.

Mais bon, on sent quand même que l’un est plus directement concerné que l’autre.

Bal des pendus

Au gibet noir, manchot aimable,

Dansent, dansent les paladins,

Les maigres paladins du diable,

Les squelettes de Saladins.

 

Messire Belzébuth tire par la cravate

Ses petits pantins noirs grimaçant sur le ciel,

Et, leur claquant au front un revers de savate,

Les fait danser, danser aux sons d’un vieux Noël !

 

Et les pantins choqués enlacent leurs bras grêles :

Comme des orgues noirs, les poitrines à jour

Que serraient autrefois les gentes damoiselles,

Se heurtent longuement dans un hideux amour.

 

Hurrah ! les gais danseurs, qui n’avez plus de panse !

On peut cabrioler, les tréteaux sont si longs !

Hop ! qu’on ne sache plus si c’est bataille ou danse !

Belzébuth enragé racle ses violons !

 

Ô durs talons, jamais on n’use sa sandale !

Presque tous ont quitté la chemise de peau :

Le reste est peu gênant et se voit sans scandale.

Sur les crânes, la neige applique un blanc chapeau :

 

Le corbeau fait panache à ces têtes fêlées,

Un morceau de chair tremble à leur maigre menton :

On dirait, tournoyant dans les sombres mêlées,

Des preux, raides, heurtant armures de carton.

 

Hurrah ! la bise siffle au grand bal des squelettes !

Le gibet noir mugit comme un orgue de fer !

Les loups vont répondant des forêts violettes :

À l’horizon, le ciel est d’un rouge d’enfer…

 

Ballade des pendus

Frères humains qui après nous vivez

N’ayez les cœurs contre nous endurcis,

Car, si pitié de nous pauvres avez,

Dieu en aura plus tôt de vous merci.

Vous nous voyez ici attachés cinq, six

Quant à la chair, que trop avons nourrie,

Elle est par pièces dévorée et pourrie,

Et nous les os, devenons cendre et poudre.

De notre mal que personne ne rie :

Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

 

La pluie nous a débués et lavés,

Et le soleil desséchés et noircis:

Pies, corbeaux nous ont les yeux creusés

Et arraché la barbe et les sourcils.

Jamais nul temps nous ne sommes assis;

De ça, de là, comme le vent varie,

A son plaisir sans cesse nous charrie,

Plus becquetés d’oiseaux que dés à coudre.

Ne soyez donc de notre confrérie ;

Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

 

Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,

Garde qu’Enfer n’ait de nous seigneurie :

A lui n’avons que faire ni que souldre.

Hommes, ici n’ait point de moquerie;

Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre.

Un café en terrasse

Vous avez une mine affreuse. Allons boire un verre avant de nous quitter. Voulez-vous un chocolat à la santé de Louis XIV ? Ou un café à la santé de Voltaire ? Asseyons nous en terrasse. Vous rappellez-vous ce gamin qui vendait ses journaux aux clients du café Procope en hurlant : « Demandez L’Ami du peuple ! Le roi en fuite arrêté à Varennes ! » ?

Procope

Voilà le café Procope au XVIIIème siècle… (Photo R. Viollet source Carnavalet DP)

Procope

Et le Procope aujourd’hui. Eh oui, vous avez remarqué : il ne manque que l’ambiance.

 

Merci de m’avoir suivie jusque là.

Waxwork

Ce livre n’est pas un livre d’histoire : l’histoire est une science dont je ne maîtrise pas les techniques. J’ai simplement lu des livres écrits par des historiens et j’ai ensuite compilé certaines anecdotes peu connues, ainsi que certaines contradictions qui m’ont donné à réfléchir.
Mes premières amours historiques n’ont pas été très originales : Les rois maudits de Maurice Druon, Histoires d’amour de l’histoire de France de Guy Breton. Ce n’est qu’ensuite que j’ai plongé dans des ouvrages plus universitaires concernant l’affaire du Temple ou celle des poisons.
A ce moment là, j’ai compris que Druon et Breton faisaient à l’histoire des enfants trop beaux pour être vrais. J’ai aussi compris que mes manuels d’histoire, censés être un reflet plus honnête de la réalité, volaient parfois loin au dessus du réel.
On ne trouve pas si facilement des ouvrages historiques à la fois bien documentés et bien écrits. Parmi les auteurs que je recommande, ceux qui maitrisent à la fois la langue, les archives et l’art de faire participer leur lecteur à la difficulté de cerner la vérité historique, se trouvent Duby, Dumézil, Tulard, Favier et quelques autres. Ils se lisent comme du Dumas mais ils en apprennent davantage. Wikipédia est une source aussi entachée d’erreurs que d’autres, mais pas plus. En tout cas, cette encyclopédie m’a fourni un bon fil conducteur. Les revues d’histoire sont précieuses, bien sûr, que ce soit Sciences humaines et ses grands dossiers qui tentent de donner une vue synoptique de la discipline historique, ou Médiévales et ses articles spécialisés. On imagine mal le soin avec lequel des chercheurs émérites épluchent les rares traces de notre passé pour en tirer la matière d’articles aussi pointus que « Poux, vers et vermine : Étude sémantique sur les parasites des rapaces dans les traductions cynégétiques françaises ». Sans ces acharnés du réel, l’histoire ne serait que littérature et nous perdrions la mémoire.

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