L’histoire de France pour ceux qui n’aiment pas ça

Les Parisiennes sous la Révolution

Vêtues de grands bonnets blancs et de robes légères, souriant sous leurs boucles dénouées, elles atteignent une perfection de simplicité.

Un autre Elisabeth Vigée-Lebrun. J’adore Vigée-Lebrun.

Elisabeth Vigée-Lebrun

(Photo DP)

 

Des lendemains qui déchantent : Louis XVII

Regardez ce bambin de dix ans roulé en boule au fond d’un cachot. Il est assis au milieu d’une flaque de ses propres déjections. Depuis six mois, personne ne lui adresse la parole. Il est devenu fou. Il mourra bientôt, de tuberculose, de solitude et de tristesse.

L’existence de cet enfant est une pure pitié.

Louis XVII

(Photo DP)

Laissez tomber les petits papiers

Tenez, ramassons un décret au hasard. Celui-ci date du 9 septembre 1791. Il annonce que le fait de voter ne sera pas rémunéré. Il y a de quoi rire, non ? Pour nous, voter est un acte gratuit, c’est une évidence. Mais à l’époque, rien n’est évident.

Décret

(AP)

 

Le doux

Dans sa geôle au bord de la Seine, André Chénier écrit hâtivement ses plus beaux vers. Trois ans auparavant, c’était un enthousiaste de la Révolution. Aujourd’hui, c’est un condamné à mort. C’est surtout le premier poète romantique.

En prison, ce doux jeune homme est tombé amoureux d’Aimée de Coigny, une ravissante codétenue. Paralysé par la timidité, il n’ose pas adresser la parole à Aimée. Alors il lui écrit « la jeune captive ».

André Chénier

André Chénier lors de son incarcération.
(Tableau Joseph-Benoît Suvée DP)

Et comme ici, j’ai toute la place que je veux, je vous mets un plus gros bout du poème :

Mon beau voyage encore est si loin de sa fin !

Je pars, et des ormeaux qui bordent le chemin

J’ai passé les premiers à peine,

Au banquet de la vie à peine commencé,

Un instant seulement mes lèvres ont pressé

La coupe en mes mains encor pleine.

Je ne suis qu’au printemps, je veux voir la moisson ;

Et comme le soleil, de saison en saison,

Je veux achever mon année.

Brillante sur ma tige et l’honneur du jardin,

Je n’ai vu luire encor que les feux du matin ;

Je veux achever ma journée.

Ô mort ! tu peux attendre ; éloigne, éloigne-toi ;

Va consoler les coeurs que la honte, l’effroi,

Le pâle désespoir dévore

Je ne veux point mourir encore.

La brute

Marguerite Yourcenar dit que la notoriété de Saint Just, comme celle de Rimbaud, doit beaucoup à sa beauté angélique. Et c’est vrai, sur les portraits de l’époque, Saint Just parait très beau. Longues boucles, bouche pulpeuse, regard ardent. Avec un délicieux frisson, ceux qui ne l’ont pas connu le surnomment « l’archange de la Terreur ». Ses contemporains sont moins admiratifs…

Saint Just

(Tableau Prud’hon photo Rama DP)

 

Le beau

Si la beauté de Saint Just n’a jamais frappé ses contemporains, celle de Hérault de Séchelles les a marqués. Ils ne l’appellent que « le beau Hérault ».

Personnellement, je n’aime pas trop.

Hérault de Séchelles

Hérault (Tableau Laneuville photo Daderot sous licence GNU Free Documentation)

Robespierre

Robespierre (AP)

Quand Saint Just rencontre Robespierre, il fait une crise d’adoration : « Vous que je ne connais, comme Dieu, que par des merveilles ! »

Voici le masque mortuaire de Robespierre moulé, parait-il, par la célèbre madame Tussaud. Le défaut à la machoire vient d’un coup de pistolet reçu quelques heures avant sa mort.

Les septembriseurs

La princesse de Lamballe, une amie de la reine, vient d’être décapitée. Sa tête est plantée au bout d’une pique. Un coiffeur refait soigneusement son chignon. Il remet de la poudre sur ses joues livides.

Au contraire de Polignac, Lamballe n’avait pas émigré afin de rester auprès de la reine.

Lamballe

(Tableau Vigée-Lebrun photo Eric Emo DP)

Derniers mots

Peu de temps après, madame Du Barry est condamnée à la guillotine. Entendez-vous ce vacarme ? Au contraire de nombreuses victimes qui montent à la guillotine avec ce qu’elles peuvent de courage, la Du Barry ne fait preuve d’aucune dignité. Elle hurle, donne des coups de pied à ses tortionnaires et au pied même de l’échafaud, elle supplie le bourreau :

– Encore un instant, monsieur, s’il vous plait.

Tout le monde n’a pas la sincérité de la Du Barry. Danton, par exemple, plastronne fièrement. Quelques heures avant son exécution, il est enfermé avec une poignée de révolutionnaires condamnés comme lui. L’un d’entre eux se lamente de laisser une poésie inachevée. Alors Danton lance :

– Ne t’inquiète donc pas, dans une semaine, des vers, tu en auras fait des milliers.

Quant au journaliste Carat, face à la guillotine, il confie au bourreau ces quelques mots que je veux qu’on inscrive sur ma tombe :

– Ca m’ennuie de mourir, j’aurais bien voulu voir la suite.

 

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