L’histoire de France pour ceux qui n’aiment pas ça

Après Clovis

Clovis finit sa vie à la tête d’un royaume qui n’épouse que de loin les frontières de la France actuelle. Si vous voulez vous faire une idée, saisissez l’hexagone à deux mains et ôtez lui la Bretagne. Puis rabotez son flanc est jusqu’à Narbonne, Lyon et Strasbourg. Enfin, prolongez-le au nord jusqu’à Bonn. La France de Clovis a davantage l’allure d’une banane allemande que d’un hexagone.

Apres Clovis

Source : his.nicolas.free.fr

 

Brunehaut

Les sources chuchotent que cette reine était cultivée, et dotée d’un sens aigu de l’Etat. (Son royaume allant de la mer du Nord à la Méditerranée, elle avait intérêt.) En tout cas, son intelligence politique lui a permis de se maintenir quarante ans sur le trône. De là, elle a fait preuve d’une tolérance religieuse que la société allait mettre mille ans à accepter.

Brunehaut

La couverture du livre de Dumézil représente un fragment d’un objet dont on est à peu près sûr qu’il a appartenu à Brunehaut.

 

Les injures du temps

La tombe de Frédégonde est encore visible dans la basilique Saint Denis, au nord de Paris. Cette stèle illustre bien la fonte du souvenir, le retour inexorable des plus belles architectures humaines à la ruine informe de l’oubli. Si vous braquez vos jumelles dans cette direction, vous verrez un entrelac de cuivre toujours brillant détourant une silhouette où plus aucun détail ne subsiste. Le temps a effacé le visage de la reine…

Les injures du temps

(Photo AP)

D’après les travaux historiques récents, il semble que Frédégonde et Brunehaut étaient probablement de dignes matrones habiles à gouverner. Elles n’ont probablement pas pratiqué l’assassinat plus que les autres dirigeants de l’époque. Ni moins.

Il parait quand même que Frédégonde n’était pas très commode. Ayant un jour, comme c’était son rôle, à ramener la paix entre deux familles mal embouchées, elle leur a organisé à ses frais un grand repas.

Réconciliation autour d’un bon sanglier. Hélas, celle-ci dure deux jours et tout est à refaire. Frédégonde re-convoque tout le monde autour d’un bon repas et, entre la poire et la cervoise, les fait tous exécuter d’un coup de hache dans la nuque. C’est son droit de princesse régnante, et même son devoir, et ça n’a pas grand chose de rare à l’époque, mais ça manque de zen.

600, Dagobert

Dagobert est le premier roi à se faire enterrer dans la basilique Saint Denis. Tous les rois de France suivent son exemple jusqu’à la Révolution. Hélas, en 1793, les révolutionnaires donnent l’ordre de déterrer les cadavres pour récupérer le plomb des cercueils. La République naissante a besoin de balles. Ces ignares jettent dans une fosse commune un fabuleux témoignage funéraire. Même Dagobert finit dans la fosse, nom d’une momie !

Dagobert

(Photo AP)

La tombe de Dagobert, le seul roi à être mort sur le côté. A mon avis, le sculpteur a raté le coude gauche et s’est dit : « Bon. Va falloir trouver une solution. »

Charlemagne, la légende

Les jolies légendes abondent au sujet de Charlemagne. On dit qu’il a une barbe fleurie, ce qui est une mauvaise traduction de barbe blanche. On chante qu’il a inventé l’école, moins qu’il sait à peine écrire.

Charlemagne

(Photo DP)

Pour que l’empereur cesse de signer ses traités de paix d’une croix, son ministre Eginhard lui a appris à tracer un monogramme.

L’Empire entre 768 et 811

Juste avant son décès, Charlemagne règne sur la France + la Suisse + l’Allemagne + les Pays-Bas + l’Autriche + la moitié de l’Italie, ce qui fait beaucoup. Mais toujours pas sur la Bretagne.

L'Empire entre 768 et 811

(Photo sous licence Wikicommon)

L’an Mil : une tranche de vie

Assis sur le seuil de votre cahute, vous mangez une bouillie de seigle. Ce que vous ne savez pas, c’est que cette soupe aura votre peau. Elle contient un parasite nommé ergot. Pour l’instant, vous ne sentez que des brûlures dans les bras mais d’ici quelques semaines, votre main droite tombera de votre poignet.

L'ergotisme ou "mal des ardents" vu par Bruegel

(Photo DP)

L’ergotisme ou « mal des ardents » vu par Bruegel. Il parait qu’il était d’usage de déposer pieusement ses organes racornis à l’église, où ils étaient accrochés comme des ex-voto. C’est ce genre de détails qui me permet de supporter le métro.

Des comtes aux trousses

Un dernier mot sur Louis VII, ou plutôt sur son ami Suger. Suger commande la rénovation de la vieille basilique Saint Denis construite par Dagobert. Si vous le pouvez, allez voir un jour les vitraux de Suger. Choisissez un jour de printemps, et marchez jusqu’au fond de la nef. En passant à travers les vitraux, le soleil fait naître sur les dalles des fleurs magnifiques. Elles ont huit cents ans.

La lumière de Suger

La lumière de Suger. (AP)

Les deux panneaux du bas sont d'époque

Les deux panneaux du bas sont d’époque (XIIeme siècle). (AP)

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