1300, Philippe le Bel
Nous arrivons près de 1300 et sur le trône vient de s’asseoir un roi de glace. « Ni un homme, ni une bête : c’est une statue ». Il se nomme Philippe le Bel.
La citation est de Bernard de Saisset : « Ce n’est qu’un fantôme, une belle image, qui ne sait rien faire que regarder le monde et se faire regarder » ou « il a beau être le plus bel homme du monde, il ne sait que regarder les gens sans rien dire » selon les versions.
Si vous voulez voir son visage, son vrai visage, allez à la basilique Saint Denis. Son gisant a été sculpté d’après nature. Vous risquez d’être déçu par cette large figure au nez pincé, fendue d’une petite bouche tout aussi pincée.
La fin du Temple
Sept ans plus tard, au terme d’un abominable procès, le dernier grand maître du Temple est brûlé à Paris, sous le nez de Philippe le Bel. Vous pouvez aller voir l’emplacement du bûcher, square du Vert Galant. Dans ce petit jardin niché au bout d’une île et baigné par la Seine, une plaque rappelle l’événement.
Voilà la plaque…
… et le square
Il parait que Philippe le Bel regarde le bûcher depuis le balcon de la tour Bonbec. Elle existe toujours, elle aussi, dans les murs épais de la Conciergerie. Si c’est exact, la distance entre les deux sites ne permet sûrement pas au roi de voir grand-chose. Ni d’entendre les cris des suppliciés.
Les brus du roi
En 1314, peu après la mort cuisante du dernier grand maître de l’ordre du Temple, coup de tonnerre dans un ciel chrétien : à la tour de Nesle, les trois brus du roi sont arrêtées pour adultère.
Marguerite est l’épouse de l’héritier du trône et la future reine de France. Elle est enfermée dans la chambre haute de Château Gaillard, une forteresse en Normandie. Elle y meurt vite. On dit qu’elle a été étranglée avec ses cheveux, ou étouffée entre deux matelas. Mais jetez un oeil sur Château Gaillard : vous comprendrez immédiatement que personne ne peut survivre à un hiver sans chauffage en haut de ce promontoire glacial.
Il existe toute une littérature sur le double adultère de la tour de Nesle. L’histoire a enflammé les imaginations jusqu’à la fin du XXe siècle. L’image de la sinistre tour résonnant de halètements voluptueux est encore dans les esprits. Ce batiment n’existe plus, hélas. Sur son emplacement, on a construit l’Académie Française.
Le Pont-Neuf et la tour de Nesle en 1631
L’emplacement de la tour apposé contre un mur de l’Institut de France qui abrite les Académies françaises.
La loi colique
Le nouveau roi, Louis X, meurt subitement. D’une colique, bien sûr. Sa nouvelle épouse est enceinte. Pourvu que ce soit un garçon…
Quelques mois plus tard, hosanna ! Entendez-vous les cloches ? La reine vient d’accoucher d’un fils, Jean Ier. Mais celui-ci meurt vite. D’une colique ?
Sitôt couronné, Philippe V meurt. D’une colique. Les fils qu’il a eus avec Jeanne meurent aussi.
Le dernier fils de Philippe le Bel est Charles le Bel, dont on dit qu’il ne brille pas bien haut dans le ciel de l’esprit.
Fébrilement, il se remarie et se reremarie. Hélas, il engendre des tombereaux de filles avant de mourir à son tour. D’une colique ?
1330, Philippe VI le malencontreux
Si vous le voulez bien, retournons à l’intérieur de la basilique Saint-Denis pour comparer les gisants des capétiens directs à ceux des Valois. Vous constatez que d’une lignée à l’autre, le glamour royal perd au change. Philippe le Bel n’est pas un adonis et ses fils non plus mais son frère Valois est franchement laid…
…il a engendré un fils qui est pire…
…et le petit-fils est hideux.
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