1700, les grands seigneurs libertins
Né avec le siècle, le duc de Richelieu aura l’intelligence de mourir juste avant la Révolution. Observons-le de près. Il est assez laid. Campé sur ses talons rouges, il dégouline de dentelles et de poudre. D’après la Palatine, c’est un « gnome archidébauché, faux, fourbe. » Mais d’après ces dames, il est irrésistible !
Evidemment, quand on en fait trop, on obtient souvent l’inverse de l’effet recherché. Les romans libertins de l’époque grouillent d’allusions à l’impuissance de Richelieu. Le duc, chuchotent-ils, a « le cœur faible ».
Je pense notamment au roman Le sopha, de Crébillon, qui met très clairement en scène Richelieu. Ne manquez pas non plus, du même, La nuit et le moment, avec sa répartie imparable entre Clitandre, baiseur impénitent, et Cidalise, qui lui reproche et d’avoir encore fait une conquête peu reluisante, et d’avoir rompu salement avec :
– Que vouliez-vous que je fisse ? Que je la gardasse ?
– Non : que vous ne la prissiez point.
Pan dans lag.
Les Lumières
Mais qu’est-ce que c’est, les Lumières ? C’est un grand vent d’esprit qui souffle sur toute l’Europe. A son contact, les cerveaux s’enflamment. Regardez ce magnifique défilé ! Watteau (peintre de la lumière noyée dans la chair)…
Boucher (peintre de la chair gonflée de lumière)…
Elisabeth Vigée-Lebrun (peintre de la chair s’abritant de la lumière).
Rohan et Arouet
Une petite anecdote explique en partie la carrière furieuse de Voltaire. Tournez vos jumelles vers 1726. Voltaire est jeune. C’est le chéri des messieurs et dames de la haute société. Il les fait beaucoup rire, aussi est-il de toutes les fêtes. Regardez-le : il a une belle tête, un fin sourire, de hautes pommettes, de grands yeux intelligents, et il porte le fameux « beau gilet de velours ».
La douceur de vivre
Les fauteuils raides de Louis XIV s’affaissent et s’allongent. Ils prennent des courbes fondantes et se couvrent de soies aux coloris poétiques : cuisse-de-nymphe-émue, ventre-de-puce-en-fièvre-de-lait, baise-moi-mignonne ou entrailles-de-petit-maître. Et le XVIIIème siècle inventa le canapé…
En anglais, « cuisse-de-nymphe-émue » se dit « hot pink ». C’est moins beau.
Sinon, ventre-de-puce-en-fièvre-de-lait est un « brun violacé » ( ?) – un peu genre sang coagulé, parait-il ; Marie-Antoinette adorait, évidemment – « baise-moi-mignonne » est un rose, c’est aussi un poème très correct de Ronsard, et « entrailles-de-petit-maître » – je n’en ai aucune idée mais je me doute un peu.
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