1660, la porte de Marie-Thérèse
Et c’est vrai, Marie-Thérèse n’est pas belle. De plus, elle n’a aucune grâce. Elle titube sur les hauts talons rouges que Louis XIV a mis à la mode pour compenser son mètre soixante deux. En clair, la nouvelle reine de France n’est pas décorative.
C’est elle qui a fait découvrir le chocolat à la France, quand même. Respect.
Fouquet
Fouquet est surintendant des finances, c’est à dire qu’il tient l’argent du royaume. C’est un bon serviteur de l’Etat. L’Etat, en retour, l’a rendu follement riche. Pas forcément de façon légale.
Regardez-le, ce splendide magistrat : il est beau, oui, avec son grand col blanc à la mode Louis XIII qui a remplacé l’absurde petite fraise Henri IV. Le nez est un peu long, mais le visage est fin. L’œil est brûlant d’intelligence et le sourire pétille de malice.
Aujourd’hui encore, le château de Vaux le Vicomte porte la marque du goût de Fouquet et de sa disgrâce. L’architecture est de Le Vau, les peintures de Le Brun et le jardin de Le Nôtre. Le résultat est évidemment réussi, dans ce style rectiligne qu’on nomme classique. Admirez, tout là bas, cette grande épave échouée au milieu des plaines d’Ile de France : beau, vide et triste, Vaux le Vicomte attend toujours les fastes et les rires d’une Cour qui n’est jamais revenue.
Les bougeoirs de Versailles
Dans son livre « L’allée du roi », madame Chandernagor montre très bien l’honneur faramineux que Louis XIV fait à la nourrice de ses enfants en lui adressant cette simple phrase :
« Nous vous savons un gré infini de toutes les choses que vous faites pour notre service, madame de Maintenon. »
Ces vingt mots sont la récompense de toute une vie de dévouement. Louis XIV, à l’époque, c’est un peu notre Loto.
Vous trouverez L’allée du roi à 3 euros en Pocket. Quant à savoir ce qui s’est passé entre Louis XIV et madame de Maintenon, laissons le roi le raconter lui-même :
« Saint-Germain, 1675 :
Il y a quelques jours, un gentilhomme de gris vêtu, peut-être un prince errant incognito, entreprit durant la nuit une nymphe égarée dans le parc de Saint-Germain. Il savoit le nom de cette nymphe, qu’elle étoit belle, bonne, pleine d’esprit mais sage. La nymphe cependant se laissa faire et ne lui refusa aucune faveur. Cette nymphe ressemblait à s’y méprendre à Mme … ; et je crois deviner qui étoit le prince vêtu de gris. »
Monsieur, frère du roi
Saint Simon fait de Monsieur un portrait au charbon : « Il n’était capable de rien […] Personne de si mou de corps et d’esprit, de plus faible, de plus timide, de plus trompé, de plus gouverné ni de plus méprisé par ses favoris ».
Monsieur et Madame : première
Monsieur et sa première épouse, Henriette, sont cousins germains, bien sûr. Ils ne s’aiment pas. Ils font quand même trois enfants.
Impossible de savoir ce que vaut cette Henriette. Est-elle pleine de grâces ? Ou bossue, boiteuse et hargneuse ? Les avis divergent. Mais il est possible que cette pauvre fille de sang très noble ait un problème à la jambe ou au dos. Pour le reste, elle est maigre et cultivée, elle a le goût du luxe et le sens de la fête.
Monsieur et Madame : seconde
Un an plus tard, Monsieur épouse le négatif de sa première épouse : la princesse Palatine. C’est une masse. Une armoire ! Une énorme allemande avec une face d’adjudant et la plus grande des bouches. Elle déteste la Cour, le luxe, l’Etiquette, les ragots et les manières. Les deux époux s’entendent immédiatement très bien.
Et puisque nous y sommes, parlons du manteau que porte la Palatine sur ce tableau :
Regardez ces fourrures blanches mouchetées de noir. On les appelle « hermines ». L’hermine signale que vous êtes en présence d’un modèle de sang royal. Eh bien, observez attentivement… Voyez-vous le lent mouvement qui agite la fourrure ? Le vêtement bouge tout seul sous l’effet de la vermine qui l’habite.
Deux gouttes d’eau
Toujours à l’affût de ce qui peut nuire à son frère, Louis XIV oblige le fils survivant de la Palatine à épouser une de ses bâtardes. Ivre de colère, la Palatine donne une grosse claque à son fils devant toute la Cour. Ensuite, elle écrit rageusement que « ma belle-fille ressemble à un cul comme deux gouttes d’eau. »
Quand on fait remarquer à la jeune fille que son fiancé ne veut pas d’elle et qu’il en aime une autre, elle répond :
« Je ne me soucie pas qu’il m’aime : je me soucie qu’il m’épouse. »
Du fond de son canapé, elle se fait construire un château au milieu d’un parc gigantesque.
Celui-ci s’étend depuis Charonne jusqu’à Bagnolet, dans l’est de Paris. Si vous passez un jour du côté de l’échangeur de l’autoroute A3, penchez-vous au dessus du flot gris du boulevard périphérique. Essayez d’imaginer, à la place, des hectares de pelouses couvertes de bosquets et parsemées de petits pavillons de pierre blanche dans le style antique… Moi, je n’y suis jamais parvenu.
Le château de Bagnolet en 1730…
… et aujourd’hui.
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