1650, la galerie de la Fronde
Madame de Longueville est une minuscule femme très jolie. Délicieusement perverse, elle traite ses amants comme la vénus à la fourrure traitera Sacher-Masoch.
Turenne
A côté d’elle, voyez ce fier soldat : c’est Turenne, un de ses amants soumis. C’est aussi un excellent capitaine.
La Chevreuse
A côté de Turenne, voyez cette grande brune pâle aux traits mous. C’est madame de Chevreuse, la rivale de madame de Longueville. C’est elle qui s’amuse à pousser la reine Anne enceinte dans les escaliers du Louvre. C’est encore elle qui s’amuse à monter la tête de ce benêt de Bouquingan. Son nom apparait dans à peu près toutes les conspirations du temps.
Alors non, ce n’est pas un téléphone.
La Montbazon
Voici un autre joli visage ! C’est madame de Montbazon, dont tout le monde s’entend à dire qu’elle est aussi belle que bête. Saint Simon affirme qu’elle a « la tête mal timbrée ». Il ajoute que cette « fort belle créature mourut d’amour, cela pris à la lettre, pour le chevalier de la Rüe qui ne l’aimait point. »
Perdu parmi les troupes obscures de la Fronde, vous pouvez repérer un certain Vauban. Cet homme est appelé à un bel avenir dans les fortifications, et à une existence fascinante.
La Grande Mademoiselle
Avec le nez Bourbon et le menton Habsbourg, la fille de Gaston est d’une laideur incroyable. De plus, elle en est fière. Ou du moins, elle est fière d’avoir les dents noires pour la raison que ses ancêtres avaient les mêmes.
Elle est très riche, aussi : cinq duchés, quatre principautés, quatre comtés, cinq baronnies, je ne parle pas des marquisats ni de l’argenterie.
A la cour de Louis XIV, la Grande Mademoiselle croise un des favoris du roi. Cet obscur gentilhomme se nomme Lauzun.
Lauzun
Lauzun a tous les défauts. Il n’est pas très bien né, il n’est pas beau du tout, il n’est pas riche non plus. Et pourtant, il plait à tous.
La Grande Mademoiselle est un beau parti et elle est sans malice. Lauzun a besoin d’un beau mariage et il est d’un cynisme sans fond. Autant dire que l’affaire est vite expédiée. Lauzun est follement séducteur et insupportablement respectueux avec cette femme ravagée par plus de quarante ans de célibat. Il lui parle abondamment de ses “seins de neige” et la fait craquer comme une vieille noix.
Le Grand Condé
Voici un autre portrait de la Fronde des Grands. Il s’agit du magnifique fils du vilain petit Condé. Si Louis XIII et Gaston étaient morts jeunes, le Grand Condé aurait eu le trône. C’est une raison suffisante pour gâcher toute une vie en complots.
Le père du Grand Condé
Il est malingre, mal dans sa peau et surtout, soupçonné de ne pas être prince du tout. Sa mère, accusée d’avoir empoisonné son mari, le prince de Condé, au profit de son amant (un valet) a accouché de lui en prison. Et la meilleure preuve que le petit Condé n’est pas de sang royal, c’est qu’il a échappé à ce nez.
Mais à y regarder de plus près, pas tant que ça en fait…
Condé fils
Le Grand Condé regarde avec résignation son fils unique aboyer quand il se prend pour un chien. Ou se cacher dans les fourrés du chateau de Chantilly les jours où il se prend pour un lapin, ou demander qu’on l’arrose les fois où il se prend pour une plante en pot.
L’opinion de Saint Simon sur le fils Condé est sans appel : « Fils dénaturé, cruel père, mari terrible, maître détestable, pernicieux voisin, sans amitié, sans amis, incapable d’en avoir », amen.
Il parait qu’il a même tué quelques uns de ses enfants sous lui.
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