Le guide des métiers pour les petites filles qui ne veulent pas finir princesses

Cinéaste : Alice Guy

Gaumont fonde sa propre compagnie avec Guy. Lui, il vend des images tant fixes qu’animées tandis qu’elle, elle se demande s’il n’y a pas quelque chose de plus à tirer de ces bobines qui tournent… Le midi, à la pause, elle monte un studio et réalise son premier film : La fée aux choux. Elle a 22 ans. C’est un succès ! Alors Guy s’enhardit. Elle dévore la pellicule, invente les trucages, le gros plan, le film à grand spectacle et le making of. Elle devient responsable fiction des studios Gaumont, engage des techniciens à tour de bras, sonorise ses films et gagne des prix.

Guy

Guy en 1896
(Photo : collection Musée Gaumont)

Elle n’a pas pris soin de conserver son oeuvre et, hélas, comme pour d’Angeville, personne ne l’a fait pour elle mais vous pouvez encore voir, sur internet, la Fée aux choux et son incroyable parterre de bébés qui gigotent.

Cinéaste : Jane Campion

Regardez-la promener sa haute taille et ses longs cheveux blancs de plateau en plateau : elle réalise des hybrides de carpe et de rhinocéros (road-movie philosophique, policier érotique) qui peignent chacun un visage de femme différent – et mettent en scène des hommes choisis avec un sens aigu du sexy.

Campion

Campion en 2010
(Photo : Piotr Drabik sous licence CC)

 

Cosmonaute : Valentina Terechkova

Regardez la : à l’étroit au coeur de sa bulle d’acier (2 mètres de diamètre), engoncée dans un scaphandre et toujours régurgitant, elle prend des notes et des photos sans faiblir. De l’autre côté du hublot le soleil, d’un blanc strident contre le noir de l’espace, se lève et se couche 48 fois de suite.

Tereshkova

Tereshkova
(Source : Nasa)

 

Cosmonaute : Claudie Haigneré

Son entraînement, à la Cité des étoiles russe, dure neuf ans… Regardez par là : en apesanteur dans sa combinaison bleu ciel, Haigneré paraît danser. En 96, c’est son premier vol : seize jours à bord du vaisseau Soyouz puis de la station Mir (affectueusement baptisée par ses passagers « le caisson qui pue »).

Haigneré

Haigneré dans l’ISS en 2001
(Photo : NASA)

Dessinatrice de BD : Claire Bretécher

Et Bretécher, qu’en pense-t-elle ? Regardez comme elle vous jette, de sous son immuable mèche blonde, un regard lourd de vide : – Je suis une flemmarde. Mais encore ? – J’ai une vie lamentable.

Bretécher

Bretécher
(Source : associationartemisia)

Dessinatrice de BD : Marjane Satrapi

Regardez la qui promène son petit nez – frappé, à droite, d’un grain de beauté – sous les arcades de la place des Vosges. Elle est admise à l’atelier du même nom où elle côtoie Joan Sfar. Mais la rencontre décisive est celle du Maus de Art Spiegelmann. Ca y est : Satrapi plonge dans la BD. Elle sort le premier tome de Persépolis, pavé autobiographique, en 2000. Trois tomes suivront et avec eux, le succès.

Satrapi

Satrapi
(Source : interviewmagazine)

Ecrivain : Sarah Kane

Nous sommes le 3 novembre 1998, le temps sur Londres est détestable. Kane, assise sur une chaise, fourrage d’une main dans ses cheveux courts tout en fumant une cigarette de l’autre – il lui reste moins de quatre mois à souffrir.

Kane

Kane
(Source : danrebellato)

Regrets

Evidemment, j’aurais du parler aussi de Sylvia Plath (« Mourir est un art, comme tout le reste ; je m’y révèle exceptionnellement douée ») mais hélas, je ne peux faire de ce livre un catafalque pour génies suicidées. (« Le coeur se ferme, la mer se retire, les miroirs sont couverts. » S. Plath, dernier poème)

Plath

Plath
(Source : sylviaplath)

 Ecrivain : Helen Zahavi

Il paraît que Zahavi vit et travaille désormais à Paris. Son site web ne mentionne rien de neuf depuis 2000. Sa page Facebook compte un seul like. Google image montre trois photos, dont une en couleur et une de dos. Les news ne remontent absolument rien. Alors, si vous avez des nouvelles d’Helen Zahavi et si elle le veut bien, partagez-les, je vous en prie.

Zahavi

Zahavi

 

Exploratrice : Alexandra David-Néel

Mais regardez cette petite femme crasseuse : hérissée de nattes en poils de yack, les cheveux teints à l’encre de Chine et le visage barbouillé de suie, égrenant un rosaire « composé de cent huit rondelles de crânes différents », elle fait bien illusion.

David-Neel

David-Neel à Lhassa
(DP)

 Exploratrice : Lieve Joris

Sa technique de reportage ? L’immersion. « L’Histoire par la petite porte. » Elle entre quelque part, dans un pays lointain, un hôpital psychiatrique, ou sur une pelouse au pied d’un immeuble, s’assoit, se fond dans le décor et écoute… Quelques jours ou quelques années plus tard, elle commence à écrire. Par conséquent, elle est assez peu au bureau. Lassé de son absentéisme, son employeur la remercie. Avec soulagement, elle saute sur son vélo et part explorer le monde.

Joris

Joris
(Source : babelio)

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