Sculptrice : Louise Bourgeois
Mais écoutez plutôt cette vieille dame menue, ce « tout petit format aux yeux bleu intense » : elle a la langue féroce. « Comme le dit La Rochefoucauld, pourquoi parlez-vous donc tant ? Qu’est-ce que vous avez à cacher ? […] Je me méfie des mots. Ils ne m’intéressent pas, ils ne me satisfont pas. » Seules les formes l’intéressent.
Sculptrice : Dominique Gonzalez-Foerster
Par bonheur pour moi, quand Dominique Gonzalez-Foerster a préparé une exposition pour la Tate de Londres en 2008, elle a décidé d’y inclure un de mes livres de science-fiction. Car Dgf est fascinée par l’avenir de l’art. Plus exactement, elle fait collection de scènes d’anticipation artistique. « Que sera l’art dans le futur ? » Je suis allée à Londres, au Turbine Hall, voir mon livre enchaîné à un des lits de de la monumentale exposition TH 2058 et j’ai rencontré Dgf.
2002 : le chanteur Christophe l’appelle un matin (« le miracle du coup de fil du 2 janvier »). Il lui propose de suivre sa tournée pour faire une vidéo. Du coup, Bashung aussi (dgf5.com/cinema/t4/Bashung).
– Pas trop ramenard, Christophe ? Et Bashung ?
– Ah nan. Ah nan nan nan nan nan. Les très bons, ils sont très bons.
« Ce sont des types qui lisent énormément, qui voient énormément de films. »
« Ils ont chanté Les mots bleus en duo pour moi à Grenoble, t’imagines ? » [Ah nan]
Self-defenseuse : le pink gang
Sampat Pal Devi définit la technique du pink gang par l’exemple : « Il y a six mois, une femme a été violée et nous sommes allées avec elle au commissariat de police. Au début, les chefs ont refusé de prendre la plainte […]. Nous avons traîné l’officier de police hors du commissariat et nous l’avons battu avec nos bâtons. » Simple.
Self-defenseuse : Irene Zeilinger
Zeilinger a sorti son Non c’est non (petit manuel d’autodéfense à l’usage de toutes les femmes qui en ont marre de se faire emmerder sans rien dire), disponible gratuitement sur editions-zones.fr. Le titre ! Tout est dans le titre. « On se limite à quelques gestes simples, efficaces et accessibles à toutes, explique Zeilinger. Le but n’est pas de s’entraîner pendant des années pour pouvoir se défendre. »
« Par rapport aux Saris roses, j’ai aussi une petite remarque : les actions que vous décrivez ne sont pas de l’autodéfense dans le sens stricte du terme. Ce sont des stratégies de résistance collective contre des violences qui ont déjà eu lieu et qui sont de type social, tandis que l’autodéfense vise la défense contre des violences actuelles ou imminentes de type interpersonnel. Faire en Europe ce que les Saris roses font en Inde poserait de multiples problèmes avec la justice : violences contre des fonctionnaires, coups et blessures sans aucune nécessité de légitime défense, on pourrait même les considérer comme une organisation criminelle, voire terroriste. A mon avis, il est important de rajouter que les Saris roses, comme d’autres mouvements de femmes en Inde, organisent des cours d’autodéfense pour les femmes et les filles, dans les campagnes comme dans les villes. »
Star du rock : Nina Hagen
A partir de là, un cycle s’enclenche : Hagen fait un album controversé puis une tournée triomphale parce que c’est une bête de scène, se marie, voit des soucoupes volantes, fait un album, une tournée et un enfant, change de religion, fait un album puis une tournée, parle aux extraterrestres, change de mari et ainsi de suite jusqu’à nos jours.
79, c’est aussi l’année où Hagen est interviewée en live par la chaîne de télévision autrichienne RBB, dans le cadre de l’émission Club 2. Au milieu d’une question quelconque, Hagen décide d’expliquer à l’intervieweur médusé comment stimuler son clitoris quand on fait l’amour afin de mieux parvenir à l’orgasme. Regardez-la : moulée dans un pantalon en spandex noir et un tee shirt jaune marqué « Ferdinand », Hagen galipette dans toutes les positions, montrant avec des gestes précis où mettre les doigts et comment. Je ne pourrai jamais assez la remercier.
Star du rock : Amanda Palmer
Amanda Palmer enregistre un album, monte une pièce, réseaute à mort, publie un livre de photos d’elle en cadavre, part en tournée, montre son bidon dodu dans un clip et se brouille avec sa maison de disque mais qu’importe : elle demande à ses fans d’avancer l’argent pour qu’elle puisse enregistrer son album suivant et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça marche. Elle réunit 15 000 dollars en trois minutes.
En 2012 aussi, Amanda Palmer écrit-compose-interprète The killing type. Rah.
Moi : Tu as lu dans Le Monde ? Sur Amanda Palmer et le Daily mail ? Tu connais Amanda Palmer, la pianiste punk ?
Mélanie : Oui.
Moi : Elle a fait un concert à Glastonbury et le Daily mail a sorti un article dessus. Ecoute ça : « Le tabloïd britannique n’a retenu de sa prestation qu’un sein furtivement découvert au cours d’une des chansons, avant qu’elle ne puisse réajuster son soutien-gorge. De sa voix, de ses chansons, de l’ambiance, nous ne saurons rien. »
Du coup, au concert suivant, Amanda Palmer a arraché son peignoir et elle est restée toute nue devant son clavier, à chanter Dear Daily mail. Tu l’as entendue, sa chanson Dear Daily mail ?
Mélanie : Oui.
Moi : Je traduis en gros, « Dear Daily mail, ça fait quand même dix ans que je montre mes seins et le reste à mon public parce que je suis une grosse punk, si tu étais moins crétin tu le saurais », haha !
Tu as vu la vidéo de Dear Daily mail ? Au moment où Palmer enlève son peignoir, tous les spectateurs hurlent de joie et elle, elle tend les bras vers eux en disant : « Shhhh, it’s just a naked woman. » Juste une femme nue.
Moi : J’adore Amanda Palmer. Tu la connais ?
Mélanie : Oui, je connais Amanda Palmer. Je l’ai beaucoup écoutée, je l’ai beaucoup vue sur scène, je l’ai même interviewée deux fois. Et j’ai participé à une de ses jam sessions.
29 comments for “Le guide des métiers pour les petites filles qui ne veulent pas finir princesses”