Soyons honnête : je ne suis pas une touriste. Je suis quelque chose comme amateur d'art. D'icônes anciennes, surtout. Depuis la chute du mur, la Russie ne brade pas seulement ses petites filles et ses grands hôtels : elle dépouille ses églises pour orner, contre devises, les murs occidentaux.
Je devins assez vite, malgré moi et à mon insu, une sorte d’enjeu entre les deux sœurs et si toute mon attention allait à Mrs. Lageline, le respect dû aux jeunes filles ainsi que le souci de mon emploi ne me permettaient pas de marquer trop nettement cette différence.
C’est une grande maison en bois, blanche et gracile, échouée parmi les fleurs. On y entre par des porte-fenêtres et une galerie en fait le tour, séparée du jardin par trois marches et une colonnade de vigne-vierge.
Pour moi, il y a deux Peintures : la concave et la convexe - celle qui sort du cadre pour vous coller au mur, et celle qui vous invite à enjamber le cadre pour aller voir comment se continue le paysage, au delà. Celle qui vous prend la tête en braillant et celle qui vous prend par la main en murmurant d’une voix de sirène.
Pour moi, il y a Guernica et les prisons du Piranèse.
Il me semble être au premier matin du monde.
Le soleil a envahi la chambre. Il fait toujours beau, à cette altitude. Et le soleil est toujours jeune.
Je respire profondément et les poumons officient.
Je cligne des yeux et ma vue est claire comme l’eau.
The Moon, 2058
The shadow was immense, awe-inspiring and eternal. Standing at the prow of the Tate Moon Gallery, Dominique Gonzalez-Foerster watched the Earth setting over the Sea of Tranquillity.
Lune, 2058.
L’ombre était immense, auguste et éternelle. Debout à la proue de la Tate Moon Gallery, Dominique Gonzalez-Foerster regardait la terre se coucher sur la mer de la Tranquillité.
"Vous habitez dans le coin ?"
En espagnol dans le texte. Voix féminine. Question idiote. Avec mon short fluorescent, mon appareil-photo et mes coups de soleil, j'étais une caricature de touriste.
Il était une fois, loin de nous, très loin de nous, infiniment loin de nous dans l’espace, le temps et la virtualité... Quelque part dans le Grand Nord. Plus précisément, au sud d’un pays nordique que nous connaîtrons sous le nom de Groenland. Il était une fois, une petite maison…
Il y avait des choses étranges, la nuit, à la radio. Fuyant les musiques bruyantes qui plaisaient à une jeunesse qu’elle n’avait jamais connue, et les talk shows où des gens disaient plus de paroles en un quart d’heure qu’elle en une année, Claude guettait les moments de silence.