les salafistes

Senoufo Amchis mange au restaurant

– Vous parliez d’un djihadiste nommé Satan, relança Senoufo.

Ne ? Satan ? Satam ! ricana Turkish Delight. Satam Al Khaleh. Son vrai nom est Fadel Al Makdi. Il est né à la fin des années 70 en Jordanie, à Amman probablement. De confession sunnite ; vous savez ? ceux que les chiites appellent « Les mous de Dieu ». Six frères et cinq sœurs ; certains sont morts, d’autres mariés. Son père appartient au clan des Khalaoui, fiers descendants de la tribu des Banu Hilal ; des Bédouins célèbres pour avoir transformé les vertes collines de l’Afrique du Nord en désert de sable.

Turkish Delight but une gorgée de café. Senoufo se brûla avec le sien.

– Rien que ça ? Comment s’y sont-ils pris ?

– On a dit : à force de razzias, et de rodéos de chameaux au milieu des délicats systèmes d’irrigation.

Turkish Delight eut un gloussement :

– Pure calomnie. A l’époque, car je vous parle là du XIème siècle, on ne connaissait pas le terme « réchauffement climatique ». Mais disons que le milieu culturel dans lequel a grandi votre… protégé, est probablement assez guerrier. Très pauvre, en tout cas. Si vous ajoutez ceci et cela, vous en déduirez vous même que le petit est rapidement devenu délinquant. Yok ! Cette jeunesse.

Turkish Delight but une autre gorgée, bruyamment, ses lèvres roses érigées comme une anémone de mer à marée montante.

– Arrêté pour viol, ce qui lui a rapporté un peu de prison et beaucoup de honte. En taule, il a fait la même chose qu’Al Zarqaoui : il a croisé le chemin d’Abdullah Azzam, un professeur palestinien. Ce type doit avoir un foutu charisme : on dit qu’il a été le premier mentor de Ben Laden. En tout cas, il a révélé au jeune Fadel toute la beauté du djihad. Du fond de son infamie, il lui a ouvert les portes du ciel ! Et celles des camps afghans. Après, ç’a été Peshawar au Pakistan. Ensuite, le gamin a travaillé pour un journal salafiste ; enfin, fit Turkish Delight avec un geste négligent de la main, vous connaissez le circuit.

– Vaguement, répondit Senoufo en rallumant sa pipe.

– Il a fini par se faire coincer par les services de renseignement jordaniens, qui sont moins manchots que ceux des Yankees, sourit Turkish Delight. En prison, il a commencé à étudier le Coran avec assiduité, laissé pousser sa barbe et remisé ses glaouis au placard des organes sataniques. Surtout il a, à petits coups d’allumettes enflammées, brûlé tous ses tatouages de caïd des rues. Mort de Fadel, naissance de Satam. Les Jordaniens, qui ont les mêmes hommes politiques que nous, hélas ! l’ont libéré en 99, à l’occasion de l’amnistie du couronnement d’Abdallah II. Le beau cadeau d’avènement ! Remplir les rues de petites crapules revanchardes. Et les services secrets de se remettre à courir après.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *