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[nos amis les gens] Size does not matter

(une salle blanche)
Suzy Q. : Quand je travaillais à la bibliothèque de l’Institut de France, je participais à l’informatisation du catalogue. Il faut savoir que l’Institut de France regroupe toutes les académies – la Française est la plus connue mais il y en a quatre autres derrière. Et à quoi sert une Académie ? A occuper le vieux littérateur. Comment ? En lui faisant pisser encore plus de copie. Et vous savez ce qu’il en est de la prostate chez les personnes âgées ? Tout ça pour dire que rien que le catalogue des œuvres des Académiciens occupe une salle de je ne sais combien de mètres de long – une salle longue, si longue que ses confins se perdent dans la brume. Une pièce immense entièrement tapissée de catalogues énormes à couverture de toile renforcée de coins d’acier, des livres gigantesques remplis de fiches bibliographiques rédigées à la plume d’oie. Et il fallait informatiser tout ça.
Donc j’informatise, jusqu’au moment où on me dit « Ouste ! Montez vite ! Les Académiciens arrivent ! » Quand ils siègent, les Académiciens passent par la bibliothèque pour aller à la coupole et ma foi, le petit personnel est mobilisé pour cornaquer ceux qui sont trop désorientés. Sinon, on en retrouve errant un peu partout dans les réserves, ça fait désordre. J’étais sur la mezzanine à surveiller la transhumance des Académiciens quand soudain, je vois Lévy Strauss. Avec un de ses collègues, devine ce qu’ils faisaient ? Ils comparaient leurs épées. « Oh, mais votre pommeau est plus gros que le mien ! Par contre, regardez : ma lame est plus longue que la vôtre. » Quatre vingt dix-neuf ans, Levy-Strauss.

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