Je vous présente un polar paru au Cadre noir du Seuil, grâce soit rendue à Gwenaelle !
4 de couv’
Claude a quarante ans, et elle les fait. Sa vie est un désert à tous points de vue, amoureux et professionnel ; au RSA, elle va être expulsée de son appartement. Aussi quand un mystérieux juriste américain la contacte sur Linkedin – et sur un malentendu – pour lui demander d’enquêter sur la disparition d’une famille moyennant un bon gros chèque, Claude n’hésite pas longtemps. Tout ce qu’elle a à faire c’est de louer la villa « isolée en pleine campagne au fond d’une région dépeuplée » où les disparus avaient séjourné un an plus tôt. Et d’ouvrir grands les yeux et les oreilles. Pourquoi se priver d’un toit gratuit, même pour quelques semaines ? Mais c’est sans doute un peu vite oublier qu’un homme et cinq enfants s’y sont évaporés du jour au lendemain, et sans doute pas pour rien.
Une famille entière disparaît, un manoir comme premier suspect. Entre frissons et humour Au bal des absents est une enquête réjouissante comme on en lit peu.
Claude, le personnage de L’immaculée conception, a vieilli. Elle se retrouve chômeuse en fin de droit. Elle n’a plus le choix qu’entre la rue et une location sur AirB&B.
L’annonce était claire. Cependant, Claude la trouva louche. Malgré son nom ridicule (« Le logement de tante Colline »), il s’agissait d’une belle maison à trois étages dans le genre anglais. D’ailleurs, le loueur s’appelait Mirth. Isolée en pleine campagne au fond d’une région dépeuplée, la maison était « dans son jus », assurait l’annonce. C’est à dire chauffée au bois, tuyautée au plomb et dépourvue d’eau chaude, songea Claude qui avait lu beaucoup de descriptions de biens à louer et les avis en ligne consécutifs. « Le logement de tante Colline » méritait donc, malgré sa taille, de coûter peu. Mais ce peu était si peu que Claude trouvait quand même ça louche. D’après les photos, il s’agissait quand même d’un genre de château. Claude refit défiler le carrousel. Un château ? Pas à ce point. Mais un manoir, au moins. Claude se gratta le nez. Un aéroport ?Il doit y avoir un aéroport juste au bout du jardin. Une rapide recherche lui révéla que non. Alors, c’est que la maison est sous le vent d’un épandage de lisier ? Ou pourrie de moustiques tigres ? De frelons asiatiques ? Claude chercha des commentaires d’anciens locataires et n’en trouva pas. Elle appuya malgré tout sur ok.
Evidemment, pour qu’une si jolie maison coûte si peu, il faut qu’il y ait un bug :
Dans la chambre bleue, elle défia du regard les femmes perchées dans leur tableau, qui souriaient au dessus d’un col blanc en allongeant les doigts contre leur jupe de soie sombre. Le portrait, au dessus de la cheminée en marbre chocolat — Claude se pétrifia. Ce n’était pas un portrait. C’était un reflet. Et ce n’était pas elle qui se reflétait là-dedans. C’était une jeune fille, moulée dans une veste d’amazone, qui se recoiffait en souriant. Ou plutôt, elle piquait des épingles dans son chapeau, un petit bibi bleu marine avec des rubans noirs. Claude la voyait qui tournait un peu la tête d’un côté, puis de l’autre, et elle se voyait aussi, elle, au bord du miroir, décomposée, bouche bée. Le chant allait toujours, aussi sinueux qu’une couleuvre. La jeune fille, satisfaite, se détourna du miroir — si elle avait été réelle, elle aurait percuté Claude de plein fouet. Claude eut un hoquet, une sensation glacée la traversa, elle dut se rattraper au marbre pour ne pas tomber. Elle se retourna : rien, que la porte qui baillait sur le couloir et, peut-être, le parquet qui grinçait sous le souvenir de pieds pressés. Mais c’est insupportable, à la fin ! Claude pressa son coeur qui battait à grands coups, serra les dents et se dirigea droit vers le fond du couloir, là d’où venait le chant. « Les roses qui poussent sur la tombe sont des fleurs de douleur… »
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