Un soleil fauve sur l’oreiller

A mes fils, à qui je lisais les lavandières de nuit racontées par George Sand. Et à Vera Lynn.

 

Le lendemain à sept heures, le réveil prit la parole et dit à Mye :

– Salut, y a quelqu’un là dedans ? Quelqu’un qui peut m’entendre ? Allez, ma fille, j’ai entendu dire que tu te sens mal et je peux t’aider à te remettre sur pied. Relax ! J’ai juste besoin de quelques informations. Peux-tu me dire où ça fait mal ?

– Mais je n’ai pas mal ! répondit-elle dans un demi-sommeil exsangue, je disparais. Comme une fumée de bateau à l’horizon. Je me vois nager, je vois mes lèvres bouger mais je n’arrive pas à comprendre ce que je dis… Je ne suis pas comme ça, d’habitude. D’habitude, je suis plongée dans une confortable léthargie.

– D’accord. Juste une petite dose, alors. Deux-trois cachets, un verre, un patch et ça ira mieux. Peux-tu te lever ? Je crois que ça va le faire. Ca va aller pour la journée.

– Je ne vais nulle part, je m’efface. Tu nages vers moi à travers les vagues, tes lèvres bougent mais je ne comprends pas ce que tu dis. Je suis tombée dans un engourdissement bienheureux.

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