[d’affreux petits secrets] Ma grosse centrale
(un bar le matin)
[travailleuse 1] En fait, mon pote Lilian, c’était un syndicaliste vrai de vrai, dur de dur. Encarté à la CFOUT et tout. La CFOUT lui a proposé de venir bosser au siège, et la boite qui employait Lilian a accepté. Elle a continué à lui verser son salaire. Lilian est allé travailler au siège de la CFOUT, aux Mimosas. Comme on dit : il s’est coupé de sa base. Il n’était plus sur le terrain à faire suer le cadre, soutenir le licencié et défendre le harcelé. Quand il a été bien isolé, la CFOUT l’a renvoyé chez lui et sa boite a arrêté de lui verser son salaire. Voilà. C’est comme ça que ça marche, le syndicalisme, parait-il. Quand ton patron en a trop marre de toi, il te vend à ton propre syndicat le temps que tu te vides de ta substance et ouste ! C’est Lilian qui m’a expliqué ça. Hm, toi, tu vas me dire « NoOon, c’est pas possible ! », comme tout le monde ?
[travailleuse 2] C’est très possible. Ma copine France était une vraie batailleuse à la Piclop Ltd, elle était encartée CFOUT aussi. Je me demandais pourquoi la CFOUT l’avait téléchargée à son siège social au lieu de la laisser chez Piclop où elle militait avec une pure efficacité. Ah, je vois. Ah, je comprends mieux. Pourquoi les grosses centrales syndicales ont de gros locaux et pourquoi les Français sont aussi peu syndiqués. Ah, d’accord.