[nos amis les gens] Pim Pam et moi et moi
(un bar)
Acte S. : Le mariage pour tous, quand même, on se demande pourquoi les homosexuels ont tant voulu se mettre le fil à la patte. Pour des histoires de gros sous, je veux bien, mais quand même. Vu le piège que ça peut être, le mariage, ça m’a quand même fait l’effet de les voir tous et toutes courir après un gros boulet.
Albe B. : C’est une question de symbole. Tu sais, je connaissais deux gus, Pim et Pam, ensemble depuis des années. Et il y avait cette fille, Kay, qui était tombée folle amoureuse de Pim, bon, ça arrive. Elle lui a fait un flanc pour qu’il l’épouse, genre « dans mon travail, on me prendra plus au sérieux si je m’appelle madame, c’est juste un mariage blanc pour faire une grosse fête avec tous les potes », tout ça. Moi, j’essayais d’expliquer que quand même, Pim et Pam, c’était un couple, un vrai, et que peut être ça ne lui faisait pas trop, trop plaisir, à Pam, qu’on dispose comme ça de la main de son mec, que c’était pas super élégant, surtout qu’il était en train de sérieusement mourir du sida, Pam. C’est le genre de moment où tu as bien besoin de tes potes mais pas pour qu’ils marient ton mec pendant que tu es à l’hosto. Tout ce que j’obtenais comme réponse, c’était des soupirs d’exaspération. Bon, finalement, c’est Pim qui a expliqué à Kay que non, la personne qu’il voulait épouser, c’était Pam, c’était pas elle, et que Pam n’apprécierait pas trop d’aller au mariage de Pim dans le rôle du garçon d’honneur. Elle était affreusement déçue. Je me dis que si Pim et Pam avaient pu se marier, on aurait pris leur couple un peu plus au sérieux. Le mariage pour tous, ça a quand même obligé des gens comme Kay à comprendre que si deux hommes ou deux femmes sont ensemble, c’est pas juste pour le cul, ou pour faire chier leur mère, mais parce qu’ils s’aiment.
Acte S. : On n’est bien qu’une pauvre forêt de symboles.