[nos amis les exhibos] Les mots pour le dire
(une cafète)
Béné L. : J’étais en sixième, en cinquième. Cours d’éducation sexuelle avec rétroprojecteur. Je regarde une image rosâtre, d’un couple vu en coupe (je te jure). Légende : « L’homme s’étend sur la femme, il met son phallus dans son vagin et ils éprouvent tous deux un grand plaisir. »
Eclat de rire général. C’est qu’on en avait déjà vu, des « phallus ». Dans le métro, au coin des rues, à la descente des bus, toujours entre deux pans d’imperméable. Ils ressemblaient très exactement à des bouts de roquefort trempés dans du Gros Plant, ou à de vieilles chambres à air crevées – avec le cambouis, tu vois ? Alors le coup du grand plaisir, fallait pas nous le faire.
Quelques années plus tard, mon premier petit ami me montre la vraie vie et moi, qu’est-ce que je vois ? Un truc rose à la peau douce, une sorte de taupe chauve avec un œil pleurard, rien à voir avec un « phallus ». Je lui ai dit :
– Mais enfin, Xa, tu as conscience que tu n’es pas normal ?
Il a ramolli net. On n’a jamais pu. Pourtant, c’était un compliment ! Genre.