Blanche-Neige et les lance-missiles

blancheneige

Quand les Dieux buvaient, tome 1
Illustration de Didier GRAFFET
Editions Nestiveqnen
Mai 2001, prix : 13,57 €
pages, ISBN 2910899292

Temps de rédaction

Ce livre là a été écrit en une semaine, corrigé en un an et édité en quatre.

Titre original

En hommage à Vuillemin et son Hitler=SS, la première couverture, réalisée par mes soins, était comme ça.

Prix

Blanche-Neige a reçu le Prix Merlin (organisé par le Club Présence d’Esprits) en 2002, à la Convention de Tilff où j’ai beaucoup bu et bien ri.

Avis

  • Ma mère : « J’ai rien compris du tout. »
  • Ma voisine : « Y a des gros mots. »
  • Mon éditeuse : « Enfin un livre résolument anticapitaliste. »

Visuels de référence

Tout est copyright Walt Disney, dommage.

Textes de référence

Pour ceux qui aiment, l’Apocalypse selon Saint Jean, dont je me suis servie pour le chapitre Le dernier paillasson avant la Fin du Monde.

La première page

Une omelette de cul d’ange

Les Uckler formaient un peuple industrieux, gai et généreux.

En général.

Ils se levaient tôt d’un air content, sifflaient en travaillant et avaient toujours un morceau de pain à donner à plus pauvre qu’eux — le quignon rassis de la veille bien sûr, car « généreux n’est pas neuneu » disait souvent la grosse Couette. Pourvu, cependant, que le plus pauvre qu’eux soit le beau fils de la soeur de la nièce de l’oncle du cousin. Ou le beau père du frère du neveu de la tante par alliance. Ou quelque chose d’approchant. Car les Uckler avaient un défaut : quand ils voyaient un étranger, un vrai, qui échappait à toute généalogie même de la main gauche, ils le tuaient d’abord, ensuite ils ne se posaient aucune question. Ce qui ne contribuait pas peu à préserver cet équilibre psychologique qui leur faisait, au matin, l’oeil frais et l’air content.

Bref, c’était un sacré foutu ramassis de salauds.

Ils vivaient leur existence de cancrelats épanouis dans un vallon de la région de Morris. La verdure y était abondante et le climat tempéré, avec de ci de là un joli étang bleu, une futaie fleurie, un verger enchanteur, une source murmurante ou une rivière chantonnante. Par conséquent, les Uckler habitaient de petites chaumines à colombages croulant sous la vigne vierge, lavaient leur linge au battoir dans l’onde fraîche et arboraient des bonnets rouges ridicules. Vu d’ensemble, le spectacle était d’une mièvrerie crispante.

Du moins c’est ce que pensait Aïe, fils de Baffe, petit fils de Ronfle, neveu de Bibron, Soluble et Perclus, cousin de Demi Craspette Liquette Aufraise Bedon Arnica Lampion et apparenté d’une façon ou d’une autre à la totalité de la population Uckler, comme tous les Uckler.

Ce qui explique qu’il ait eu un bras plus court que l’autre et trois yeux, dont deux bigles.

Quant à savoir quelle tare congénitale expliquait l’émergence, en ce faible rameau Uckler, d’une haine viscérale de la famille, c’est une autre paire de manche. Car Aïe était, de tous les Uckler, le seul à ne pas trouver grandiose le paysage, adorables les maisons fleuries, splendide d’appartenir à un peuple si verni et contentant de se lever tôt le matin. Il regarda avec exaspération un ravissant nuage traverser le merveilleux bleu du ciel, écrabouilla d’un coup de poing le très beau papillon qui, à côté de lui, butinait une fleur délicieusement parfumée et grinça des dents, tandis que montaient de la cour de la plus proche chaumine les plaf-plaf ! des battoirs et les hurlements de rire des lavandières — les Uckler avaient de longtemps décidé que tout dans leur vallon était magnifique, et ne méritait que de grands éclats de rire ravis.

La version poche est . Le bouquin suivant est .

2 comments for “Blanche-Neige et les lance-missiles

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