[nos amis les gens] Microfaune
(une séance de photos de vacances)
Christian D. [safariste] En Tanzanie, mes coéquipiers étaient comme des fous avec la mégafaune : les éléphants, les gnous, les lions, les girafes, ils ne voyaient que ça. Mais moi, ça me barbait. Ça, et rouler sans fin. Me taper des heures de piste pour trouver un troupeau d’hippos, s’arrêter, clic clac ! C’est dans la boite ! Et repartir aussi sec. Ca me gavait. Parce que tout était beau, ça ne valait pas le coup d’aller si loin.
Alors je faisais l’inverse. M’arrêter, ne plus bouger et observer la microfaune au pied des grands fromagers. Un velvet monkey qui attrape des graines avec ses tout petits doigts, qui les épluche soigneusement, et qui rejette son petit sur son épaule comme une cravate. Une antilope verte, mais vraiment verte, et petite, toute petite, qui marche à côté d’un grand oiseau à huppe, un oiseau plus grand qu’elle, une grue couronnée, très cérémonieuse – on a l’impression qu’ils discutent en marchant. Derrière eux, une sorte de poule faisane qui avance à petits pas pressés suivie de toute sa nichée en file indienne, des poules miniatures, grandes comme le poing, toutes sérieuses, alignées comme au 14 Juillet – et loin au dessus, pas du tout dans le même monde, une girafe qui broute des épines d’acacia comme si c’était de l’herbe et pas du barbelé.
Alors évidemment, qui dit girafe dit gros cons en 4X4. Ils ont tous déboulé, les velvet monkeys ont disparu comme une flamme qu’on souffle, les oiseaux se sont volatilisés, l’antilope aussi, et la girafe s’est faite mitrailler.