#101 curiosités scientifiques cocasses et stupéfiantes [chronique]

centune

101 curiosités scientifiques cocasses et stupéfiantes pour avoir quelque chose à raconter en toutes circonstances – Bruno Léandri

Ed. Vuibert, 2014, 175 pages, 13,90 €

Bruno Léandri, fleuron lumineux de Fluide Glacial, est auteur entre autres de La grande encyclopédie du dérisoire (Éditions Audie – Fluide glacial, 1996 & suivantes, 5 tomes), de l’Encyclopédie de mon père (Flammarion, 2010) et de On achève bien les Dinky toys (Bourin Editeur, 2012). Il poursuit ici sa quête inlassable du merveilleux dissimulé dans les poches grisâtres du quotidien.

Ce recueil de cent-une cocasseries commence par une profession de foi, qu’en son temps Marie Curie avait faite sienne : « tout m’intéresse, j’imagine trouver des pépites intéressantes derrière chaque rideau qui frémit. » Écartant hardiment les rideaux du réel, Léandri nous explique ce que signifie la séquence ADN CTCTT. GG, ACAG, ATT TA. TACAT : CTAC. GG A CC, comment Léonard de Vinci a inventé le format A4 et comment gagner au bilboquet, mais aussi pourquoi le Christ est né un peu avant Lui-Même, pourquoi août a piqué un jour à février et pourquoi certaines cartes IGN du territoire français portent la peu géographique mention « nuages ».

Conteur agile, Léandri nous montre Becquerel se promenant innocemment avec un petit flacon de radium dans sa poche, le physicien Charpak voyageant avec une tête coupée dans son vanity case, le prix Nobel de physique Crookes invoquant des esprits pour coucher avec, un cosmonaute réparant le télescope Hubble à coups de tatane, et un chercheur mort de rire après avoir découvert la papaïne (effet notable : « la papaïne fait tomber les oreilles des lapins. ») Il nous apprend que le kilogramme étalon est « plus protégé que la vie sexuelle d’un dirigeant chinois », ce qu’est un komboloï (je vends la mèche : un komboloï est un objet « dont la seule destination est d’être tripoté machinalement. »), et que sur un bateau, en cas de scorbut, il vous suffira de manger les rats pour guérir. Enthousiaste, l’auteur-trouveur sort de son chapeau une guirlande de nombres remarquables : les nombres abondants, les nombres amiables, chanceux, oblongs, convenables, déficients, étranges, et même les nombres tordus. Et les impairement pairs. (A ne pas confondre avec la nombrilologie, « hiérarchie des races établie en mesurant la hauteur du nombril »).

Il invente pour nous une catégorie de découvertes scientifiques : « un chercheur trouve un truc formidable, et tout le monde s’en fout. » Il nous régale d’anecdotes délicieuses, citons en exemple : quand on a testé la première bombe atomique de l’histoire, « une théorie conjecturait que la réaction en chaîne, une fois enclenchée dans l’atmosphère, pouvait passer des atomes de plutonium aux atomes d’azote et que l’air ambiant pourrait exploser sur toute la terre dans un embrasement de plus en plus puissant que rien ne pourrait arrêter. Une autre théorie disait que ce n’était pas possible. […] ce doute, aussi gênant fut-il, ne l’empêcha pas [Oppenheimer] d’appuyer sur le bouton. » Autre exemple exquis ? Tous les édulcorants modernes ont été découverts par des « gros dégueulasse » qui passaient de leur laboratoire de chimiste à leur table sans se laver les mains. Et Fleming a découvert les antibiotiques après s’être mouché dans une boîte de Pétri.

A l’issue de cette lecture, vous saurez même comment passer à travers un billet de cinq euros. « Mais réellement passer au travers, c’est à dire vous tout entier. » Impossible de rater ça.

 

 

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