[nos amis les gens] Femme ! Des nouilles
( du côté de la rue Timbaud)
Jacky O. [philosophe] Imagine : tu es un bébé, qu’est-ce que tu veux ? Du lait. Et qui te le donne ? Une femme. Ta mère, ta nounou, une assistante maternelle, p’importe. Ensuite, tu grandis, tu vas à la crèche, qui est-ce qui te torche et t’apprend à lacer tes souliers ? Une femme, toujours. Le personnel de la petite enfance est féminin, le plus souvent. Ensuite, école maternelle, école primaire, toujours des femmes. Des femmes institutrices, des femmes qui surveillent la cour de récréation, des femmes qui font le ménage, des femmes qui servent à la cantine, bref, des femmes partout. Elles te servent, elles t’enseignent, elles s’occupent de toi. Tu es dans la DMZ, la zone démilitarisée de l’enfance, cette période particulière où, plus tu es petit et faible, plus on te chouchoute. Ce que je veux dire, c’est qu’un petit garçon prend vite l’habitude de claquer des doigts : « Femme ! Un biberon. Femme ! Des nouilles. Femme ! Un goûter. Femme ! Un câlin. Femme ! Un pansement. » Et arrive le moment de l’adolescence, tadam ! Sans qu’on le prévienne, le petit protégé est propulsé dans le vrai monde. Dans ce monde-là, plus tu es petit et faible, plus on te tape dessus. Waïo. Fin de la belle vie. Par là dessus, le petit garçon devenu pubère commence à sentir des envies nouvelles. Alors il réagit comme d’habitude : « Femme ! Une gâterie. » Note, pour certains garçons, ça ne doit pas être un problème. Brad Pitt, tiens, ou Johnny Depp, ou l’autre pintade, là – Pattinson. Mais imagine un garçon tout vilain, tout estéquite, tout gremé, imagine la fabrique de râteaux où il embauche à ce moment là ! Imagine un vilain petit garçon qui croit qu’il est encore dans la DMZ de l’enfance, qui attend tout des femmes, qui claque des doigts pour une petite pipe, et qui se prend une grosse quecla, blah ! Tu imagines le traumatisme ? La déception ? Ca fout la haine, c’est sûr. La haine des femmes.
Aristote P. [maïeuticien] Tu essayes de m’expliquer quoi, là ? Que si Zemmour est hystériquement misogyne, c’est parce que c’est un petit boud’ ?
Jacky O. : Exactement.