[nos amis les gens] Engueulade
(un bistro)
Abdel B. : Je ne me rendais pas compte, du tout. J’avais un copain, Rodolphe, qui m’a orienté vers un de ses copains, Serge, qui m’a dit d’envoyer mon manuscrit à Elisabeth Gille. J’envoie, elle m’appelle et là, elle m’engueule ! Mais elle me pourrit. Comme quoi j’écris bien mais que franchement, c’est quoi cette démarche d’amateur, et pas de pagination, et un chapitrage invendable, et aucune prise en compte du paysage éditorial. Je disais « Oui madame, bien madame. » On a raccroché et la seule chose que je me suis dit, c’est « Ouais ! J’écris bien. » Je ne savais pas du tout que je venais de parler à la fille d’Irene Nemirovsky, à la traductrice de Ballard et Moorcock, à la directrice de la collection Présence du futur, à celle qui a découvert Salvayre. Je n’ai compris qu’après sa mort. Une bien belle engueulade.