[nos amis les gens] La télé, quand même
(un banc)
Cell S. : La télé, quand même… Hier, je zappais nuitamment à la recherche d’un truc regardable, et je tombe sur une émission allemande. C’est une jeune mère de trois enfants qui en attend un quatrième. Son gynéco lui apprend, lors de la troisième échographie, que son petit n’est pas viable. Qu’il mourra deux heures après sa naissance. Pas de cœur ou rien qu’une moitié, un truc comme ça. Et le médecin propose une interruption thérapeutique de grossesse. Mais la mère refuse. Elle décide de porter son petit jusqu’au bout pour le laisser mourir dans ses bras. Et elle le fait. Elle accouche à l’allemande, dans son lit, avec une sage-femme au lieu d’une péridurale, moi j’admire. Puis elle allonge son bébé sur son ventre et elle attend qu’il meurt en partageant un gâteau avec ses autres enfants. Parce qu’après la naissance de chacun de ses enfants, elle a mangé un bon gâteau. Chaque enfant a son gâteau de naissance, en quelque sorte.
Et voilà, on voit le bébé qui s’endort. Il y a un fondu au noir, puis on le retrouve les yeux et la bouche grande ouverte contre le sein de sa mère, avec le sous-titre gestorben. Mort. Elle, elle ferme les yeux. Ils te diffusent ça comme ça, sans prévenir, entre Les anges de la téléréalité et une pub. La télé, quand même. Quelquefois, elle remplit son rôle de petite lucarne sur le monde des autres.