Grand Prix de l’Imaginaire 2008, youpite
Aux joies de la grossesse, définitivement
Il y avait des choses étranges, la nuit, à la radio. Fuyant les musiques bruyantes qui plaisaient à une jeunesse qu’elle n’avait jamais connue, et les talk shows où des gens disaient plus de paroles en un quart d’heure qu’elle en une année, Claude guettait les moments de silence. Il y avait des feuilletons tristes et incompréhensibles où des femmes à la voix cassée décrivaient, entre deux pauses interminables, des vies encore plus absurdes que la sienne. Il y avait des émissions érudites, pendant lesquelles des gens très vieux racontaient avec hésitation des histoires sépia. Il y avait des conversations rauques emplies de points de suspension, des musiques amples et nostalgiques et d’autres grêles, probablement étrangères, où il lui semblait qu’on se contentait d’agiter en cadence une corde tendue sur une branche d’arbre et une poignée de grelots, et puis des chanteuses magnifiques, dont la gorge ruisselait de larmes.