En hommage à Bret Easton Ellis. Tous les plats cités dans cette nouvelles ont été empruntés à American psycho, y compris les Tortillas de maïs bleu fourrées de cailles farcies aux huîtres enrobées de pelures de pomme de terre et la Méduse grillée au micro-onde et son coulis de chocolat de régime.
– Ma mère veut un toast pour son anniversaire.
– Un toast ? De toi ?
– Oui. Tu me connais, ça ne me gêne pas de me faire cloner. Je suis comme tout le monde : j’ai un foie et quelques yeux au frais, au cas où. Mais un gosse…
– Ce n’est pas vraiment ça. Le développement cérébral est bloqué très tôt.
– Oui, je sais, je sais. On grille le cerveau, on planque un petit drain à comateux au fond du couffin et le tour est joué. Mais ça coûte cher pour ce que c’est, bon sang. Ca dure quoi, ce genre de légume ? Deux mois ?
– Si tu payes la qualité, ça peut aller jusqu’à quatre. C’est un peu comme… un poisson rouge ? Un animal de compagnie à durée limitée ? »
Monsk n’a pas l’air convaincu. Une entraîneuse bleue de froid, couverte et seulement couverte de poudre argentée, danse à quelques tables de nous.
– C’est sûr, marmonne Monsk entre ses dents, ça n’aurait pas de sens d’avoir chaud dans un froid pareil s’il n’y avait personne pour prouver qu’il fait vraiment froid. Pour souffrir du froid. Le fric, ça n’est drôle que s’il y a au moins un pauvre pour vous envier. Tu disais ?
– Elle le veut à quel âge, son toast ?
– Trois mois. Avant, elle dit que ça n’est pas très beau et après, que c’est censé être un peu plus éveillé qu’un clone démédullé. »
Il agite sa coupe vide en direction du serveur, puis plonge dans son assiette.
– Tu vois… ça me gêne. Ça me gêne, de savoir ma mère faisant des agaceries à une copie de moi même trente ans après, et le lavant, lui séchant le pli des genoux et le ventre, lui changeant sa couche et lui peignant ses trois tifs en chantant « Le joli sous-marin jaune ». Je suis pour la régression, entendons-nous bien, mais… je n’ai pas envie de voir ça.