Tout est dans le disclaimer.
Depuis « la femelle est un mâle mutilé » d’Aristote à « les femmes ne sont que des organes génitaux articulés » de Faulkner en passant par « la femme est naturelle, c’est-à-dire abominable » de Baudelaire, toute la littérature est pourrie de misogynie. Entassez Schopenhauer sur Shakespeare sur Balzac sur Byron sur Montherlant sur Meung sur Nietzsche sur Guitry, et vous dépasserez le plafond.
Et que trouve-t-on de l’autre côté de la balance ? Sur le plateau de la misandrie ? Nous trouvons Valérie Solanas et son SCUM Manifesto. Quatre-vingt-dix pages de « l’homme est une femme manquée, une fausse couche ambulante, un avorton congénital. » C’est peu. Mais du moins la misandrie a-t-elle son manifeste, son essai. Je ne dis pas que je souscris à ce que dit Valérie Solanas ; je dis qu’il en fallait bien une.
Et du côté de la fiction ? Quelle fiction misandre tient la balance en face de La mégère apprivoisée, du torture-porn d’innombrables séries, et d’American psycho, ce sommet de la haine des femmes ? Aucune. Quelle femme a chanté la haine pure et gratuite des hommes ? Aucune. Même pas Despentes. Son Baise moi est l’histoire d’une revanche. Je me suis souvent dit qu’il en faudrait au moins une — et, si possible, pas moi. Alors j’ai attendu, attendu, et attendu. Penchée à mon balcon de papier, j’ai contemplé au loin les rotatives qui tournoyaient, les féminicides qui rougeoyaient et les vagues du féminisme qui déferlaient. Ne voyant décidément rien venir, j’ai commencé à prendre des notes. Les plus anciennes datent de 2004.
En 2018, tout espoir bu, j’ai rassemblé mes notes. Écrire Coucou les filles ! ne m’a pas amusée. Je ne prétends pas que la lecture en soit plaisante, ni même qu’elle ait le moindre intérêt. Sûrement, la littérature n’y gagne rien et le vivre ensemble, pas grand chose. Mais enfin, me voilà débarrassée. Rien ne vous oblige à lire — et vous êtes prévenu-e.